Le moins que l'on puisse dire, c'est que le géant allemand n'a pas fait dans la demi-mesure. Personne ne sait ce que la Polo R WRC gagnera ni quand, mais une chose est sûre, toutes les dispositions ont été prises pour qu'elle y parvienne.

Des milliers de kilomètres d’essai, une équipe de 170 personnes et des pointures du rallye, aussi bien dans les équipes techniques que chez les pilotes, essayeurs ou coureurs : voilà comment nous pourrions résumer la partie visible de l’iceberg Volkswagen Motorsport en WRC.

Ajoutez à cela une équipe de communication qui se donne les moyens d’exploiter à fond les nouvelles technologies (www.volkswagen-motorsport.com) et les réseaux sociaux pour permettre au plus grand nombre de suivre la discipline, une série spéciale Polo « WRC » qui sera construite à 2 500 exemplaires (disponible fin 2013), une ligne de vêtements aux couleurs de l’écurie et vous obtenez un package que seules des marques de cette envergure savent réaliser. Et c’est toute la famille du rallye qui en tirera bénéfice.

Des pilotes haut de gamme
A commencer par le français Sébastien Ogier et son copilote Julien Ingrassia, qui ont commencé leur carrière chez Citroën, et qui viennent de passer la saison 2012 soit à courir en S2000 avec une Skoda Fabia, soit à développer la Polo R WRC, dont on dit qu’elle dispose encore d’une marge d'amélioration sur le caractère du moteur (manque de progressivité) mais aussi des amortisseurs (deux marques ont encore été essayées la semaine dernière).

Une deuxième voiture sera confiée à Jari-Matti Latvala (copilote Miikka Anttila), deux finlandais qui arrivent tout droit de chez Ford, l’écurie officielle ayant jeté l’éponge à la fin de la saison dernière.

Une direction technique humble et lucide
Pour François-Xavier Demaison, responsable technique du projet WRC de Volkswagen Motorsport et grand expert de la discipline, « 2013 sera un round d’observation, et nous avons plusieurs évolutions à notre disposition, que nous intégrerons au fur et à mesure de la saison. L’objectif n’est pas de gagner mais d’être sur le podium. En revanche, en 2014… »

Un plan confirmé par Jost Capito, directeur de Volkswagen Motorsport, qui, comme Latvala, arrive de chez Ford après avoir gagné le Dakar en catégorie Camion, être passé chez BMW, Porsche et même Sauber en Formule 1. Et si l’ingénieur de 54 ans, dont l’expression favorite dit qu’arriver deuxième ne sert à rien, conçoit le côté observateur de 2013, il affiche clairement les ambitions de la marque pour le futur : gagner des courses en 2014, le titre en 2015.

Les résultats pourraient venir vite
Si personne ne sait réellement où se situe la Polo R WRC par rapport à la concurrence en termes de performances, plusieurs éléments amènent à croire que la voiture pourrait être rapidement à la hauteur :

-  les déclarations de F.-X. Demaison : l’ingénieur dit qu’il serait déçu si la Polo était à plus de 0,2 seconde au kilomètre du leader. On peut donc imaginer raisonnablement qu’elle sera à moins, « F-X. » connaissant parfaitement les voitures de la concurrence pour y avoir travaillé.

-  le règlement technique restrictif : qui fait que les voitures sont assez proches techniquement, que des écarts trop importants à niveau de pilotage égal peuvent difficilement exister. Cela peut aussi vouloir dire que les voitures de l’année passée, notamment les Citroën dominantes, resteront dans le coup plus facilement, sans forcément de nombreuses et coûteuses séances de développement.

-  une concurrence affaiblie : Hirvonen (Citroën) sera dans le coup mais Loeb ne sera plus là que pour quelques rallyes (Monte-Carlo, Suède, France et peut-être Argentine) ; Ford n’a plus de team officiel et le développement des Fiesta sera mince. Par ailleurs, les Mini sont sorties depuis deux saisons de l’organisation Prodrive de David Richards et se trouvent aussi maintenant dans des configurations techniques dépassées.

-  les restrictions budgétaires : quand Volkswagen invite 250 journalistes du monde entier à Monaco pour présenter sa Polo, Citroën en emmène moins de 20 (dont 2 français) chez son sponsor à Abu Dhabi. De toute évidence les moyens ne sont pas les mêmes, et cette différence sera également palpable sur d’autres sujets en cours de saison.

En conclusion, il convient de reconnaître que Volkswagen fait les choses bien et en grand, ne vient pas pour faire de la figuration mais bien pour tirer le maximum de potentiel d’image et donc de commerce au travers des valeurs véhiculées par le sport automobile, d’abord la performance mais aussi la fiabilité et la technologie.

Et si Citroën a été le grand gagnant des dix dernières années, il a cette fois sur sa route le plus redoutable des adversaires qu’il ait jamais rencontré.
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